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LOYS XI.

Louis XI

Et toi, Tristan, toi qui sais jusqu’à quel point on meurt, est-ce que je te semble si près… de la tombe ? est-ce que mon front s’incline, est-ce que je n’y vois plus ? Je parle encore et demain je ferai un pèlerinage à Tours, cela nous fera grand bien… Le pèlerinage sera long et la route sera élevée… (À Coitier.) À boire, Coitier ! Si tu savais comme je brûle ! Est-ce qu’il n’y a de soulagements à tant de tortures que la mort ? Oh ! non ! tu vas faire cesser cela avec quelque remède nouveau et miraculeux, cela me soulagera. (Il boit.) Ah ! je voudrais quelque chose qui pût ainsi passer dans mon âme et la rafraîchir. Mes amis, rapprochez-vous de moi, plus près encore… et si la mort venait, vous m’en garantiriez, n’est-ce pas ? Quand il y a du monde, je ne crains rien, et puis… Coitier, approche-toi, viens, il faut que je te parle, écoute, éloignez-vous ! (Commines, Tristan, Olivier sortent) vous allez revenir quand je vous rappellerai, car je veux vous voir encore.


Scène III

COITIER, LOUIS XI.
Louis XI

Dis donc, Coitier, sais-tu que je me sens plus mal et qu’il faut que tu me guérisses.

Coitier

Cela n’est pas en mon pouvoir.

Louis XI

Tu railles, car je paie pour me guérir. Songes-y, Coitier, si tu me guéris, je te donnerai la moitié de mon royaume, je te le donnerai tout entier ; je paverai d’or et de diamants la maison que te vit naître, je te