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sinat était alors à la mode. Ayant convoqué son conseil, le roi se leva tout à coup en disant :

— Mes chers amis, il y a trop longtemps que le duc est roi et le roi duc. Maintenant il faut que tout change et rentre à la place où la Providence l’a placé. Oui, oui, M. de Guise voudrait gouverner, il voudrait un trône et je lui donnerai un cercueil ; je veux que, dès demain, la France soit débarrassée de cet autre monarque, et moi de ce compagnon à la royauté.

— Il n’est qu’un moyen, dit le baron de Rieux, un procès en Parlement.

— Et de faux témoins, ajoutait le duc de Maintenon, l’accusant de conjuration, de lèse-majesté, d’attentat sur le roi, que sais-je ! enfin quelque chose de semblable, puis une prison perpétuelle.

— Non, non, dit Henri, « mettre le Guisard en prison, ce serait mettre le sanglier dans un filet trop faible, il romprait nos cordes ». (Historique.)

— Et un procès, vous dis-je, continua le baron de Rieux.

— À lui, un procès ? Oh ! non, il serait capable d’en faire un à ses juges. Oh ! non, non, des épées et des poignards, messieurs. Qui m’aime parmi vous ?

Et huit poignards se brandirent dans l’air.

— Eh bien, demain, dit le roi, demain sa tête tombera, demain il n’y aura d’autre roi que Henri III.

IV

un assassinat par un roi.

— Larchant, tu lui présenteras une requête au bas de l’escalier ; Effrenati, tu te jetteras à ses jambes ; Saint-Malines, tu lui donneras le premier coup ; toi, Saignac, tu l’achèveras.

Et il posa trente gardes dans l’escalier, huit dans le cabinet.