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LOYS XI.


Scène II

Le DUC, Sa fille MARIE.
Le duc, entrant, aux soldats.

Allons, par saint Georges ! vous avez l’air de vous plaindre, vous autres. N’est-ce pas un poste d’honneur de garder ma tente, manants que vous êtes ! Attendez qu’on vienne vous relever. Bonne contenance. Morbleu ! du courage ! Si vous parlez, je vous fait pendre. (Il referme la porte sur lui.) Eh bien, Marie ?

Marie

Eh bien, mon père ?

Le duc

Tu as froid, n’est-ce pas, pauvre fille ?

Marie

Oh ! oui, le temps est si dur ! les chevaux pouvaient à peine se tenir.

Le duc

Mais pourquoi as-tu voulu m’accompagner dans ma ronde de nuit ?

Marie

Pourquoi ? c’est que je ne saurais assez être avec vous, mon père, et il me semble à tout instant que je vais vous perdre, que je vais être seule en ce monde ; il me semble que ma vue vous fait du bien.

Le duc, l’embrassant.

Oh ! oui, cher ange, ta vue me ranime et me soutient, car toi seule, tu m’accompagnes et tu ne m’abandonnes pas dans mes revers comme mes troupes qui s’enfuient à chacun de mes désastres, ainsi que l’or