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Tristan

Oui, sire.

Le Roi

Eh bien, compère, voilà un homme pour toi.

Le fou, se tordant les mains.

Grâce ! sire, grâce ! écoutez.

Louis XI

Allons, allons, dépêche-toi, Tristan, mon dîner m’attend. (Se retournant vers le fou.) Ça fera cependant un vilain morceau de viande pour les corbeaux.


ACTE TROISIÈME

1477, 6 janvier. — La tente du duc de Bourgogne. Au fond, une porte ouverte, sans battants ; sur les murs, des faisceaux d’armes. À droite, un tabouret en soie noire qui sert de trône dans les jours d’audience ; la neige tombe.



Scène première

Deux soldats gardant la tente.
Premier soldat

Qu’il fait froid, camarade ! mes mains ne peuvent plus tenir le mousquet.

Second soldat

Hier encore, dans ma compagnie, deux chevaux sont morts de froid et de faim. Nous n’avons plus de nourriture, et si le siège de Nancy ne nous est pas plus heureux que Granson et Morat, nous avons la perspective de crever comme des chiens dans un fossé.