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Beppolène et Ébrachaire. Mais Ébrachaire craignant que, s’il obtenait la victoire avec Beppolène, celui-ci ne fût mis en possession de son duché, se prit d’inimitié contre lui, et, pendant toute la route, ils s’accablèrent d’insultes, d’injures et de malédictions, et commirent sur leur chemin un grand nombre d’incendies, de meurtres, de pillages et beaucoup d’autres crimes. Ils vinrent à la rivière de la Vilaine, et l’ayant passée arrivèrent à celle de l’Aoust ; là ayant détruit les maisons du voisinage, ils firent un pont sur la rivière et toute l’armée passa. En ce temps-là un certain prêtre vint trouver Beppolène et lui dit : « Si tu veux me suivre, je te conduirai jusqu’au lieu où est Waroch et te montrerai tous les Bretons réunis. » Frédégonde, depuis longtemps ennemie de Beppolène, ayant appris qu’il marchait à ce combat, envoya au secours de Waroch, des Saxons de Bayeux qui portaient les cheveux coupés de la même manière que les Bretons et des vêtements semblables. Beppolène ayant marché avec ceux qui avaient consenti à le suivre, commença le combat, et, pendant deux jours, tua beaucoup de Bretons et de Saxons. Ébrachaire était resté en arrière avec les gens du premier rang, et ne voulut pas aller à lui qu’il n’eût appris sa mort. Le troisième jour, comme ceux qui étaient avec Beppolène étaient déjà tués et qu’il combattait encore blessé lui-même d’un coup de lance, Waroch, avec ceux dont j’ai parlé, tomba sur lui et le tua. Les Bretons avaient enfermé les Francs entre des passages étroits et des marais, où ils périrent plutôt dans la boue que tués par le glaive. Ébrachaire arriva jusqu’à la ville de Vannes ; l’évêque Régal avait envoyé