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VIE DE PEPIN-LE-VIEUX.

pouvoir de garder ton vœu dans toute sa pureté. »

Affermie par les exhortations de cet homme vénérable dans le dessein qui la tournait vers Dieu, et encore plus animée à prononcer son vœu, Itta non seulement aliéna sa propre personne au service de Dieu, mais, par une libéralité encore plus grande, elle dévoua au Seigneur tout ce qu’elle pouvait avoir. Ainsi donc ses propres toits, après avoir reçu la consécration, furent changés en églises qu’elle dota de champs et embellit de divers genres d’ornemens ; ensuite, avec toute la solennité des prières, elle reçut, des mains du vénérable pontife, le voile sacré et l’habit de religieuse ; puis, se rangeant au nombre des religieuses que, de ses propres biens, elle avait consacrées au service de Dieu, elle soumit sa noble tête au joug plus noble du divin servage : femme vraiment admirable et très-digne d’être célébrée par des louanges infinies, qui, élevée à de telles gloires du monde qu’elles l’égalaient aux femmes des rois, sut les rejeter d’une ame si ferme qu’elle se fit la compagne de celles que, dans la grandeur de son premier état, elle aurait pu dédaigner pour ses servantes. C’est ainsi qu’elle ôta, à ceux qui désiraient s’unir avec elle en mariage, toute espérance de l’épouser. Mais comme les persécutions qu’elle eut à souffrir à cause de son saint vœu de religion lui furent communes avec sa fille, la bienheureuse Gertrude, je les détaillerai plus au long lorsque, sous la conduite de la miséricorde divine, j’en viendrai à raconter la vie de cette glorieuse vierge.

Aussi long-temps qu’elle vécut dans cet état de sainteté, Itta ne cessa de servir Dieu. Elle était patiente