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VIE DE DAGOBERT Ier.

s’y faisaient. Mais comme ce terrain était alors au pouvoir de l’évêque de Paris, qui le donnait en bénéfice, comme il lui plaisait, à quelqu’un de ses clercs, il arrivait que ceux qui en obtenaient la jouissance ne s’inquiétaient pas de la sainteté du lieu, et ne songeaient qu’à en tirer pour leur propre compte un gain terrestre, comme cela se voit aujourd’hui en plus d’un endroit. À cause de cela, ce lieu était fort négligé. Une misérable petite chapelle que sainte Geneviève, disait-on, y avait dévotement fait construire, couvrait les corps de si grands martyrs ; et il en fut ainsi jusqu’à ce que leur nom, comme je le raconterai dans la suite, brillât, pour l’utilité du monde, de tout son éclat, et que, par la volonté de Dieu, ce lieu illustré, bien qu’en secret, par des patrons si grands, si connus et si anciens, fut élevé à la plus éclatante renommée.

Pour revenir à mon sujet, le cerf, après avoir erré long-temps çà et là dans le bourg, entra dans la chapelle des saints martyrs, et s’y cacha. Les chiens le pressaient ; et quoique la même porte par où le cerf était entré, leur fût ouverte, quoique nul de leurs gardiens visibles ne fût là pour les en chasser, les saints martyrs ne souffrirent pas que leur domicile fût violé par l’approche d’animaux immondes. Vous eussiez vu le cerf trouvant là un asile assuré, et les chiens indiquant sa présence par leurs aboiemens, mais répoussés par une puissance divine de l’entrée de l’église. Dagobert, arrivant en toute hâte, fut saisi, à ce spectacle, d’étonnement, d’admiration et de respect. Le bruit s’en répandit parmi les voisins, et leur inspira, mais surtout à Dagobert, un grand amour et