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même, plusieurs de ceux que Dieu a opérés, entre ses mains, par les mérites de saint Julien martyr et de saint Martin confesseur.

Après cela et plusieurs autres prodiges qu’il accomplit avec l’aide du Christ, Arédius vint à Tours après la fête de saint Martin, et y étant demeuré quelque temps, il nous dit qu’il n’avait plus de longs jours à demeurer dans ce monde, et que certainement il mourrait bientôt. Il nous dit adieu, et s’en allant, rendit grâces à Dieu de ce qu’avant de mourir, il avait obtenu de baiser le tombeau du bienheureux évêque. En arrivant à sa cellule, il fit son testamentxli, mit ordre à toutes ses affaires, et ayant institué pour ses héritiers les évêques saint Martin et saint Hilaire, il commença à tomber malade, et à souffrir de la dysenterie. Le sixième jour de sa maladie, une femme, souvent tourmentée de l’esprit immonde, que le saint n’avait pu guérir, s’étant fait lier les mains derrière le dos, commença à crier et à dire : « Courez, citoyens, sortez promptement, peuple de la ville, allez au-devant des martyrs et des confesseurs qui viennent se réunir pour les obsèques du bienheureux Arédius. Voilà Julien qui arrive de Brioude, Privat de Mende, Martin de Tours, Martial de sa propre ville[1] xlii. Saturnin arrive de Toulouse, Denis de la ville de Paris, et en voilà beaucoup d’autres de ceux qui habitent le ciel, et que vous adorez comme martyrs et confesseurs de Dieu. » Et comme elle commençait à crier ainsi dans les premières heures de la nuit, elle fut attachée par son maître. Mais rien ne put la contenir, elle rompit ses liens, et commença à marcher

  1. Limoges dont il avait été le premier évêque.