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la parole du Maître des Gentils : Ô Timothée ! conserve le dépôt, évitant les profanes nouveautés de paroles. (Paul, 1re Tim. VI, 20). Il est trop injuste, en effet, que ceux qui sont devenus les prédicateurs de l’humilité se glorifient d’un vain titre d’orgueil ; le Prédicateur de la vérité ayant dit : Loin de moi de me glorifier en quoi que ce soit, si ce n’est dans la croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ (Saint Paul, Épît. aux Galat. VI, 14), celui-là donc est vraiment glorieux qui se glorifie, non de la puissance temporelle, mais de ce qu’il souffre pour le nom du Christ. C’est en cela que nous vous embrassons de tout cœur ; c’est en cela que nous vous reconnaissons pour prêtre, si, repoussant la vanité des titres, vous occupez un siége de sainteté avec une sainte humilité.

» Car nous avons été scandalisés à propos d’un titre coupable ; nous en avons gardé rancune, et nous nous sommes prononcé hautement à ce sujet. Mais Votre Fraternité sait que la Vérité a dit : « Si tu apportes ton offrande devant l’autel, et que tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; puis reviens et fais ton offrande. » (Év. de St Matth. V, 23-24). Ainsi, bien que toute faute soit effacée par le sacrifice, le mal du scandale dont on est cause est si grand que le Seigneur n’accepte pas de celui qui en est coupable le sacrifice qui d’ordinaire remet la faute. Hâtez-vous donc de purifier votre cœur de ce scandale, afin que le Seigneur puisse avoir pour agréable le sacrifice de votre oblation. »

Grégoire ayant eu occasion d’écrire une seconde lettre à Cyriaque, il y revint sur le même sujet, tant il y attachait d’importance :

« Je ne pourrais, dit-il[1], vous exprimer dans cette lettre combien mon âme est liée à Votre Charité ; mais je prie que le Dieu tout-puissant, par le don de la grâce, augmente encore cette union entre nous, et détruise toute occa-

  1. Liv. VI. lettre 5.