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IV



« Grégoire au diacre Sabinien.


» Je n’ai pas voulu écrire deux lettres touchant la cause de notre frère, très révérend homme, Jean, évêque de Constantinople. J’en ai écrit une assez courte qui contient ce qui aurait fait l’objet de deux, c’est-à-dire la vérité et la douceur. Que Ta Dilection lui remette donc cette lettre que j’ai écrite pour obéir à l’empereur. Par la suite, j’en enverrai une autre qui sera telle que son orgueil n’aura pas sujet de s’en réjouir. Il en est en effet arrivé au point de profiter de l’occasion qui s’est présentée pour lui de nous écrire au sujet des affaires du prêtre Jean, afin de prendre, pour ainsi dire, dans chaque phrase, le titre de patriarche œcuménique. J’espère du Dieu tout-puissant que la majesté impériale abattra son hypocrisie. Je m’étonne qu’il ait pu tromper Ta Dilection au point de persuader à l’empereur qu’il devait me transmettre ses écrits touchant cette affaire, écrits dans lesquels il prétend que j’aurais dû conserver la paix avec lui. Si l’empereur veut être juste, il devra l’avertir de renoncer à son titre orgueilleux, et aussitôt la paix sera faite entre nous. Je suis persuadé que vous n’avez pas aperçu la ruse à laquelle notre frère Jean a eu recours en cette circonstance. Il en a agi ainsi afin que, si j’obéissais au seigneur empereur, je parusse approuver sa vanité ; et que si je n’obéissais pas, l’empereur fût irrité contre moi. Mais nous tiendrons ferme dans le droit chemin, ne craignant rien, en cette circonstance, si ce n’est le Dieu Tout-Puissant. Ainsi, que Ta Dilection ne se laisse pas effrayer ; qu’elle méprise, pour la vérité, les choses les plus relevées de ce monde qui sont contraires à la vérité ; qu’elle ait confiance dans la grâce de Dieu Tout-Puissant et dans le secours du bienheu-