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Libertés communales, franchises communales, administration communale, autant de précédents terminologiques qui ne laissent planer aucun doute sur la validité et la portée de la rectification que nous devons tout d’abord faire au lapsus calami conscient et voulu de cet académicien qu’était M. Thiers.

Autant, en effet, le mot de communisme épouvante à bon droit notre bourgeoisie qui monopolise les avantages sociaux et n’entend « mettre en commun » que les charges sociales — impôts de sang et d’argent, que la noblesse d’avant 89 acquittait seule, au moins sous la forme de sang — autant le mot de « commune » n’éveille ou ne devrait éveiller chez elle que d’heureux et grands souvenirs.

N’est-ce pas comme commune que, dans tout le moyen Age, où elle n’était rien, elle s’est affirmée contre les seigneurs de la terre et de l’épée ? La commune, affranchie des redevances féodales, mise, insurrectionnellement ou par charte royale, à l’abri des brigandages seigneuriaux, a été, du xiie au xve siècle, à la fois le refuge du tiers état et de son moyen d’action le plus puissant pour préparer son émancipation politique, qui devait être consommée, couronnée et consacrée par les derniers États généraux transformés révolutionnairement en Assemblée nationale constituante.

Il est vrai qu’entre les communes du moyen âge et la Commune de 1871, une autre Commune s’est produite, la Commune de Paris, de 1791, 92 et 93, et qu’à cette Commune intérimaire on est convenu d’attacher — depuis qu’elle a fait son œuvre et sauvé la Révolution — « les plus mauvais souvenirs de notre histoire ».

Mais ces souvenirs — qui pourrait le contester ? — sont surtout, pour ne pas dire exclusivement, mauvais pour les ordres privilégiés auxquels s’est substitué le tiers ; pour les émigrés de l’intérieur, dont l’énergie de cette Commune purgeait les Tuileries au 10 Août ; pour