Page:Guesde - La Commune de 1871.djvu/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.

C’est donc bien le droit au capital, le droit à l’instrument et à la matière de la production, et non plus seulement le droit au travail, qui a été affirmé — incidemment, il est vrai — en pleine bataille, par la Commune de Paris trop avisée pour confondre 1870 avec 1848 et réduire les revendications ouvrières à la formule rudimentaire et incomplète d’il y a trente-deux ans.

Mais c’est surtout dans ses conséquences historiques, qui — ne l’oublions pas — plus que le programme et le personnel, caractérisent une tentative révolutionnaire, c’est surtout dans son lendemain qui dure encore, dans les espérances et les terreurs qu’il a éveillées d’un bout du monde à l’autre, que le 18 Mars a donné sa véritable mesure ouvrière et socialiste.

À peine le drapeau rouge, son drapeau, tombé dans le sang de son dernier soldat, que voyons-nous, en effet ? Ce drapeau ramassé et arboré par le prolétariat de tous les pays qui en fait son signe de ralliement. « Vive la Commune ! » Ce cri est à peine étouffé au Père-Lachaise sous une dernière décharge de mitrailleuses qu’il éclate plus nombreux et plus puissant que jamais au Nord et au Midi, à l’Est et à l’Ouest, poussé par l’universalité des travailleurs qui, en Allemagne, par exemple, se déclarent, par l’organe de Liebknecht et de Bebel, solidaires de leurs « frères de Paris », qui, en Suisse, en Belgique, etc., se lèvent pour empêcher l’extradition des « échappés » et qui partout fêtent à l’envi la date du 18 Mars comme ouvrant une ère nouvelle, l’ère de leur émancipation.

Que voyons-nous d’autre part ? Cette même date maudite, ce cri proscrit par les classes dirigeantes et possédantes de partout, lesquelles, si divisées qu’elles puissent être en matière de forme gouvernementale, qu’elles se réclament de la monarchie, comme en Allemagne, en Autriche et en Italie, ou de la République comme en