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de cette armée qui, dans la retraite sur Saint-Cloud, d’après le récit d’Alfred de Vigny, tombait à Passy sous le pistolet chargé à balles d’un gamin de treize ans.

Française également l’armée qui a été décimée, les 23 et 24 Février, par les balles citoyennes de la garde nationale et du peuple des faubourgs.

Française, encore et toujours française, l’armée contre laquelle Baudin appelait — vainement — aux armes les « blouses » désarmées et dégoûtées depuis Juin.

Les « moyens d’action » de la Commune — les moyens violents — ont donc été les moyens violents de toutes nos révolutions. Et ce n’est pas parce que la poudre a parlé pendant deux mois, parce qu’au lieu de durer trois jours la bataille s’est prolongée huit grandes semaines ; ce n’est pas surtout parce que toute cette dépense de sang a été inutile, que la Révolution du 18 Mars peut être plus « criminelle », en tant que moyens, que les révolutions qui l’avaient précédée.

Ce qui distingue la Commune — toujours en tant que moyens d’action — veut-on le savoir ?

C’est que l’épaulement des fusils a été précédé du dépouillement des votes ; c’est qu’avant d’être donnée aux canons, la parole avait été donnée aux urnes ; c’est que la bataille, au lieu d’être la préface, a été la suite, la servante du scrutin.

Le suffrage universel consulté, interrogé, appelé à donner à la fois une base et une direction à l’action insurrectionnelle, telle est la caractéristique du 18 Mars, ce qui lui assigne, en même temps qu’une figure, une place à part dans notre histoire révolutionnaire.

Mais ce trait particulier, loin d’aggraver, ne diminue-t-il pas la responsabilité — je parle de la responsabilité légale — des hommes engagés dans le mouvement, en étendant cette responsabilité du Comité central et de ses adhérents aux maires et aux députés qui ont pris sur eux de convoquer le peuple de Paris dans ses