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Dans la mort sans espoir et dans l’éternité ! —

Tel, indomptable encor quand l’ouragan s’apaise,
L’océan furieux, ébranlant la falaise
De suprêmes assauts et de chocs souterrains,
Recule en bouillonnant sur les rochers marins,
Telle la triomphante et farouche Assemblée
Écrase aux portes d’or sa foule amoncelée.
Tout bruit s’éteint : les voix, l’anathème, les pas ;
Et l’Excommunié sinistre n’entend pas
Aux poings des noirs geôliers sonner le fer des chaînes.
Seul et livide, il songe aux vengeances prochaines,
Au vent mystérieux qui fait dans leurs chemins
Dériver les vaisseaux et les esprits humains.
Comme sur les sillons l’ombre, au soir des batailles.
Pleine d’un brusque effroi, tend ses lugubres mailles.
L’énorme obscurité saisit dans ses filets
Trône, autel, bancs déserts, salle vide, palais,
Et dans son lourd réseau roule Nicée entière.
Et comme en son royaume entre la Nuit altière,
Souveraine, implacable, indignée et jetant
Sur le monde complice et sur l’homme inconstant
Sur l’éternelle erreur, l’orgueil, la violence,
Son noir linceul d’oubli, de paix et de silence.