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 Le Diacre est debout dans la chaire ; il écrase
Entre ses doigts ardents un parchemin roulé.
Indigné, furieux et comme flagellé
Par l’Ange inspirateur qu’on sent errer dans l’ombre.
Il parle :

                   — A l’heure obscure où le navire sombre,
Auguste très-divin, vénérables Seigneurs,
Pères très-indulgents, chargés d’ans et d’honneurs,
Pilotes de la Barque, orgueil du Saint Synode,
Pardonnez au plus humble un zèle peu commode !
Malgré vos saintetés, vos splendeurs, vos renoms,
Malgré la discipline austère et les Canons,
Diacre, j’en appelle à Vos Grandeurs et j’ose
A la face du Ciel plaider la bonne cause.
Ainsi parlait Élie, ainsi parlaient aux rois
Les Prophètes par Dieu suscités autrefois
En des temps désastreux moins amers que nos âges.

Le monde est en péril, Vieillards ! De noirs présages
Ont assombri les cieux, comme à l’heure où monta
La nuée infernale aux flancs du Golgotha.
Trois siècles ont miné l’Eglise universelle,
Qui, sur le roc sacré, se lézarde, chancelle,
S’écroule et voit de gouffre en gouffre, par morceaux.
Choir la pierre angulaire et tomber les arceaux.
O vivant souvenir des règnes idolâtres,
Où, sous l’ardent soleil des clairs amphithéâtres,