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Et dans ce flamboiement fauve et surnaturel
La pompe impériale, en ordre solennel,
Déroulait la splendeur de sa marche divine.

Cent vingt soldats romains et cent vingt d’origine
Barbare précédaient les dix Comtes guerriers.
Et les Ducs, distingués par l’or des baudriers.
Les Illustres suivaient au rang que leur assigne
La fonction, le nom, la faveur ou l’insigne ;
Graves et somptueux dans leurs manteaux brodés,
Les deux Comtes égaux par qui sont commandés
Trois mille Arméniens nommés les Domestiques ;
Et le Grand Trésorier des Largesses publiques,
Et le Maître serein des Offices sacrés,
Et, sous l’éclat pesant des lourds colliers ouvrés,
Sous la plaque d’émail où l’aigle d’or s’incruste,
L’Eunuque imberbe et las, Chef de la Chambre auguste.

Tel le soleil chassant les astres au matin,
Superbe et glorieux, tel paraît Constantin.
Il entre. La vapeur de l’encens auréole
Son front d’un nimbe blanc qui palpite et s’envole ;
Un laurier d’or le ceint ; comme un feuillage vert
L’émeraude s’enroule à son col découvert.
Sa tunique est de pourpre aux lourdes broderies,
Où, parmi les joyaux et les orfèvreries,
Étincellent la Croix, les Clous et le Marteau ;
Et, comme une fibule éclatante, au manteau
Brille, en perles tracé, le sacré Monogramme.