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Le pilier de l’autel, l’astre attendu que suit
La Chrétienté souffrante, éparse dans la nuit.
Et parmi tous son nom resplendit.

                                                       Et le nombre
Des Pères est si grand que leur cortège encombre
Le palais et que Dieu semble avoir fait surgir
Un monument immense et prompt à s’élargir,
Si vaste et si profond qu’un forum est moins ample.
Et l’Esprit Saint y plane ainsi que dans un temple.

Mais à l’écart, debout près de l’autel central,
Couvrant son maigre sein du lin presbytéral,
Un homme aux yeux ardents, sombre, inflexible, grave,
Seul, médite. Arius, le fils indompté, brave
L’Eglise maternelle et les Juges, soutiens
De la règle infaillible et des dogmes chrétiens.
C’est lui qui par le monde, en Egypte, en Asie,
Comme un poison subtil distillant l’hérésie,
Glace les cœurs tremblants et dessèche en sa fleur
L’universelle foi des temps sacrés. Voleur
Des âmes, serpent vil, chacal, rôdeur oblique
Dans la moisson levant du sol apostolique,
Il est l’irrémissible insulte au ciel clément,
La main fourbe, la dent qui mord, la voix qui ment
Et sème le scandale et menace et révèle
A ton Église, ô Christ ! une angoisse nouvelle.
Comme les troubles eaux d’un cloaque empesté,
Sédition, fureur, orgueil, impiété,