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A peine reposée, à fuir comme un oiseau.
— Prends cet harmonieux et consolant roseau
Qui frémira d’amour si ta lèvre le touche.
— Il se taira bientôt quand se taira la bouche.
— O Vierge, que veux-tu ? — Rien de fragile et vain.
— Vierge, un mal ignoré t’accable. — Un mal divin,
Pasteur ! — Sois jeune et belle. — O jeunesse éphémère !
— Aime. — Est-ce pour jamais ? — Sois aimée ! — O chimère !
Laisse-moi savourer en mon cœur expirant
L’austère volupté d’aimer un Dieu souffrant. —


XI. LE REMÈDE

Cœur faible, cœur involontaire,
Qui te plains lorsque tu guéris,
O mon cœur, l’Enfant sagittaire
Te blesse de ses traits chéris.
Ils sont amers et tu les aimes.
Ils sont sacrés ; tu les blasphèmes,
Cœur fragile et désabusé !
O cœur malade, pour renaître,
Offre-toi, sur la croix du Maître,
A la lance qui l’a percé !