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La sueur à son front perle ; de la tiare,
Flottants et débouclés coulent ses cheveux longs
Qu’un lourd bandeau, brodé d’escarboucles, sépare ;
Et, balayant la terre, une robe barbare
Ruisselle en plis soyeux du col jusqu’aux talons.

Sous l’armille enserrant leurs épaules charnues,
Des mimes aux yeux peints balancent l’encensoir ;
Et Lui, rassasié de voluptés connues,
Foulant comme un tapis des corps de femmes nues,
Danse la danse sainte en l’honneur du Dieu noir.

Au bruit sourd du tambour qui ronfle et la stimule,
Glissant et s’allongeant, rompant ses nœuds tordus,
La danse orientale en rhythmes lents ondule ;
Et le Danseur s’avance et s’arrête et recule
Et tourne, les yeux clos et les bras étendus.

En cadence, imitant la course circulaire
Des astres emportés dans le haut firmament
Autour de l’axe d’or de la splendeur solaire,
Dans le strident éclat du chant qui s’accélère,
Il tourne, tourne encore et tombe en écumant.

Et soudain, au fracas des cymbales de cuivre,
Il bondit, haletant, éperdu, les regards
Fixes dans la blancheur des yeux convulsés, ivre,
Inspiré, bestial, bavant, semblant poursuivre
Quelque apparence obscène avec des cris hagards.