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Et le Plérôme entier t’a porté comme un fruit.
Gloire à toi, Rédempteur, et gloire à la Lumière !

Par Toi, j’ai reconquis ma place coutumière,
Comme un convive heureux qui s’assied au banquet.
Par Toi s’est déchiré le rideau qui masquait
L’étincelant Trésor de la Hauteur sereine.
Comme une éruption, du fond de la Géhenne,
La Clarté primitive a jailli sous tes pas
Et vivante, effrénée et ne tarissant pas,
Par flots, par torrents d’or, par nappes vagabondes
Inondé le chaos et submergé les mondes.
Et par Toi, plus rapide et plus brillant encor,
J’ai contemplé mon rêve et j’ai pris mon essor.
Gloire à Toi, Rédempteur, et gloire à la Lumière !

Comme en un vase pur recueillant ma prière,
La Pitié, la Justice et la Paix ont porté
Mon tardif repentir aux Lieux de la Clarté.
Et la matière enfin s’écoulant de mon âme,
De mon désir ardent naquit l’ardente flamme,
L’ombre de ma tristesse et l’onde de mes pleurs
Et la création de toutes mes douleurs.
Tel qu’un mur de cristal le Trésor m’environne ;
Je plane dans la Sphère où ma beauté rayonne
Plus haut que le nuage et l’aigle inaperçu.
Gloire a Celui par qui j’ai compris et j’ai su !
Gloire au Père ! à l’Abîme ! à la Pensée entière !
Gloire à Toi, Rédempteur, et gloire à la Lumière ! —