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Mais soudain Zénonis dans l’ombre vaporeuse
Se dresse et croit revoir, du haut d’un noir rocher.
Comme en un rêve, au loin, la Nef aventureuse
Hésiter dans la nuit limpide et s’approcher.

Au souffle inespéré du vent léger qui saute,
Le Vaisseau, sur la mer qui brille et s’aplanit,
Tourne sa proue aiguë et vogue vers la côte
Comme un oiseau marin vers les roseaux du nid.

Sur l’avant lumineux une forme se penche,
Voilant d’un pan d’azur son sein resplendissant,
Pure comme la neige hivernale et plus blanche,
Impalpable et le front couronné du croissant.

A son col radieux pend un collier d’étoiles,
Des astres argentés sèment ses cheveux noirs,
Et la clarté qui filtre au travers de ses voiles
A la fraîcheur de l’aube et la douceur des soirs.

La Déesse a plongé son bras nacré dans l’onde
Et du fond transparent de l’humide tombeau
Attire, ruisselant du flot bleu qui l’inonde,
Un corps, longtemps gardé, qui gît intact et beau.

Isis, d’un pied divin foulant la mer lactée,
Couvre de son manteau le cadavre blêmi
Et sur les bruns varechs de la plage abritée
Dépose doucement Doriôn endormi.