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Enfin, telle la lune au firmament nocturne,
Brillait le simulacre auguste, au contour grec,
L’Urne d’or ciselé, l’Urne isiaque, l’Urne
Dont l’anse est un aspic et le col un long bec.

Et voici que se meut la Barque solennelle,
La Nef égyptienne aux flancs incrustés d’or,
Qui semble, sous la voile ouverte comme une aile,
Un cygne somptueux qui va prendre l’essor.

Au bord des flots prochains baisant déjà sa proue,
Le mystique Vaisseau balance ses agrès
Et, rompant ses liens, glisse, nage et s’ébroue
Dans une écume bleue et dans un brouillard frais.

Il vole, il disparaît, libre et sans équipage,
Symbolique et fleuri des fleurs de la saison ;
Et l’ardente clameur qui monte et se propage
D’un adieu triomphal le suit à l’horizon.

Car nul pilote humain, accoudé sur la barre,
Ne guidera sa course à travers les écueils.
Que le port hellénique ou le havre barbare
Gardent à son destin de fraternels accueils !

Il fuit. Le soir descend sur le rivage où traîne
Comme un dernier reflet de la splendeur des Dieux.
Et Zénonis est seule et la lune sereine
Berce la brève paix des flots insidieux.