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Et les temps n’étaient plus.

                                                En une ombre pesante
Se figeait lentement la Vie agonisante.
Nul bruit dans l’air obscur ; du fond du ciel béant
Nul souffle, descendu sur le nouveau néant,
N’a ridé l’épaisseur léthargique des ondes
Ni réveillé l’Esprit au sein glacé des mondes.
La neige dans les plis d’un suaire éternel
Étreint lugubrement l’abîme originel.
Et le blême soleil épouvanté recule
Dans un vague, insondable et sanglant crépuscule,
Et ne laisse traîner de sa pourpre en haillons
Qu’une lueur blafarde au bord des blancs sillons.