Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/252

Cette page n’a pas encore été corrigée


Soleil fécondateur qui jaillis et flamboies
Sur la mer ! Hèlios au dévorant essor !
Apollon triomphal, père des calmes joies,
Musagète par qui chantait la Lyre d’or !

Zeus, dont le noir sourcil faisait trembler la terre,
Sarapis sépulcral, sauveur ou justicier,
Athèna qui, du haut de ta retraite austère,
Sur le crime impuni fixais tes yeux d’acier !

Et toi, Fleur de l’écume amoureuse et sonore,
Sourire de la vie en un monde enchanté,
Aphrodite divine, en qui survit encore
Le rêve éblouissant de l’antique Beauté !

Artémis qui foulais l’éclat neigeux des faîtes,
Salut ! Filles du ciel, Muses, sévères sœurs,
Mères des chants sacrés et des formes parfaites,
Qui tressiez le laurier sur le front des penseurs !

Dans Athènes, où gît ton blanc cadavre, ô Grèce,
Des siècles immortels éteignez le (lambeau !
Dormez, avec l’orgueil viril et l’allégresse,
Dans le double linceul de l’Amour et du Beau !

Dormez ! qu’un nouveau Dieu, conquérant d’un ciel vide,
Sur un gibet sanglant torde son maigre corps :
La vieille humanité pleure un songe splendide ;
Et l’Olympe est désert et les vrais Dieux sont morts !