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Les mois n’ont point calmé mon deuil impérissable.
Déesse ! Zénonis, en proie aux noirs chagrins,
Si jeune encore et veuve, errante sur le sable,
Mêle sa plainte amère au bruit des flots marins.

La mer vaste chantait, propice et sans écume,
Lorsque, livrant ta voile au vent qui t’emporta,
Doriôn, cher époux ! tu vis dans l’acre brume
Pour la dernière fois décroître Sarepta.

Hélas ! te souvient-il que debout sur la rive,
En mon cœur anxieux priant des Dieux ingrats,
Je soulevais, heureuse et tour à tour pensive,
Le fils de ton amour qui riait dans mes bras ?