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HERMOGÉNÈS.

Selon ta foi, la mort est une délivrance,
L’ascension de l’âme au travers de l’azur,
L’essor dans l’inconnu vers l’idéal futur.
Peut-être. Mais, liés par les serments austères,
Scellons en nos discours le secret des Mystères,
Amis. Toi, Praxilla, salue, ô noble enfant,
Des pâles Adônis le retour triomphant ;
Répands l’urne mystique et ton cœur et ta vie
Sur la jeunesse éteinte et la beauté ravie,
Comme une vierge en deuil au tombeau des aïeux.
Théophanès, maudis la nature et les Dieux ;
Qu’importe ! Indifférent à tes obscurs présages,
Le monde organisé connaîtra d’autres âges,
Et si jamais, vieilli, vide, croulant et las,
Dans la nuit séculaire il se brise en éclats,
Quels océans d’oubli, quels flots profonds de brumes
Auront alors noyé les spectres que nous fûmes,
Et quelle voix suprême à l’univers vaincu
Dira, Théophanès, quels Dieux ont survécu ?
Et toi, qui, solitaire et sans plier la tête,
T’ensevelis vivant dans ta vertu parfaite
Comme en un fier sépulcre où ne glisse aucun jour,
Habite, ô Phœbion, ton orgueilleux séjour.
Mais, abaissant les yeux, pardonne à l’homme et laisse
L’antique foi, les pleurs, l’espoir à sa faiblesse.
Si les Dieux ont péri dans ton cœur introublé,
Songe qu’ils furent doux et qu’ils ont consolé,