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Et comme aux jours de deuil, sortant des sombres porches,
Par les chemins muets que la terreur fraya,
Le simulacre errant de la Panagia
Passe, suprême espoir, dans la lueur des torches.

Autour du cirque vide où rôdent les lions,
Plus farouches encor grondent les populaces
Qui, des faubourgs au centre, ivres et jamais lasses,
Poussent le flux sanglant de leurs rébellions.

Et l'énorme clameur monte ; le feu s’élance.
Comme une mer battant un immobile écueil,
Tout un peuple en délire assiège en vain le seuil
De l’asile introublé du très-sacré silence.

Clos, morne, à l’horizon de l’Hebdomon obscur,
Le palais, dans la nuit dressant ses murs tragiques,
Garde, intrépide aux seuls combats théologiques,
L’Empereur très-divin, très-pieux et très-pur.

Dans l’impassible paix de la chambre interdite,
Sous la calme clarté tombant des lampes d’or,
Devant la croix d’émail, l’Auguste Autokrator
Baise le Livre et prie et tour à tour médite.

Gravement, sans remords, il songe aux jours anciens
Où la croyance unique illuminait l’Empire.
Si les temps sont mauvais, si l’avenir est pire,
Dieu, qu’il honore et sert, reconnaîtra les siens.