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Et tous deux emportés par un vol radieux,
Pallas Libératrice et le Héros robuste
De leur double splendeur couvraient la Ville auguste
Et la Terre pieuse où vécurent les Dieux.

Le Chef épouvanté tremble, hésite et recule ;
Barbares chevelus, moines hurleurs, tout fuit.
Vers les champs ou la mer décroît et meurt le bruit.
Athènes en chantant s’endort au crépuscule.

Maintenant la Victoire a marqué ton chemin,
Alarik ! Le vieux monde en expirant te nomme.
D’Olympie à Byzance et de Ravenne à Rome
Marche, la haine au cœur et la torche à la main !

Qu’importe ? Marche encor jusqu’à l’humide tombe
Que le Barentinus gardera dans ses flots.
Qu’importent les cités, les morts, les longs sanglots
Et l’univers romain qui chancelle et qui tombe ?

Les Dieux sont toujours là, dans la paix du ciel bleu,
Chers comme un souvenir, puissants comme un exemple,
Et défiant, du faîte éternel de leur temple,
Les siècles et l’oubli, le Barbare et son dieu.

Dans sa jeune vigueur, comme à la première heure,
L’ombre des Immortels, nobles Rois des vieux jours,
Planera dans l’espace et défendra toujours
La Ville souveraine où la Beauté demeure.