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Farouche, au vent guerrier livrant les crins épars
De son casque, la lance en main, le grand Achille
De la brèche au fossé courait d’un pied agile,
Et de son corps géant dominait les remparts.

Tel il apparaissait sous les murs Priamides
En l’orbe étincelant de son boucher d’or.
Lorsque d’un flot fumant le sang divin d’Hektôr
Du Péléide heureux empourprait les knémides.

Dans les cœurs indécis semant l’effroi mortel,
Telle invinciblement surgit l’Ombre héroïque,
Tandis que, se dressant sur l’Acropole antique,
La Vierge aux glauques yeux s’armait au fond du ciel.

Athènè-Promakhos levait son bras rigide
Et brandissait la pique à son poing souverain ;
Et les serpents vengeurs tordaient leurs nœuds d’airain,
Et Méduse aux yeux verts s’irritait sur l’Ægide.

Belliqueuse, intrépide, au bouclier vermeil,
Dans l’éblouissement de l’armure frangée,
Au-dessus du combat la Déesse outragée
Comme un aigle vainqueur planait dans le soleil.

Par l’espace orageux qui s’ouvrait devant elle,
La Guerrière, d’un bond, s’élançait des cieux clairs ;
Et dans son dur regard ainsi que deux éclairs
Etincelaient l’Audace et la Force immortelle.