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envergures
Le noir hérissement des gigantesques hures.
Nos huttes sont d’argile et nos palais de bois ;
Mais tributs des cités, trésors conquis des rois,
Y roulent, lourds amas d’or, de joyaux, d’épices,
Ainsi que l’avalanche au fond des précipices.
Et reine des guerriers invincibles, foulant
Les champs semés de morts et l’univers tremblant,
Tu souriras, Hella, de voir les ambassades
De nos bourgs humblement franchir les palissades,
Et suppliants, craintifs, blêmes, courbant leurs cous,
Les Sénateurs de Rome embrasser tes genoux.


HELLA.

Arrière ! Mon cœur lâche a bondi sous l’insulte.
Arrière ! Un Goth cruel, rude, à la barbe inculte,
Dont les membres épais luisent de suint ranci,
Un Goth, ô faibles Dieux, m’accable et parle ainsi !
Érôs offensé pleure et contemple sa fille
Que charmait tour à tour tout ce qui chante et brille.
Les lyres, les miroirs, les amours, le ciel clair,
Régnant, parmi les loups, dans la bise et l’éclair !
Des bains voluptueux oubliant les délices,
Je ne laisserais plus au bord des vasques lisses
L’onde tiède baiser mes pieds chargés d’anneaux !
L’âpre haleine du Pôle et les vents hivernaux
Corroderaient mon teint plus fragile et plus rose
Que l’œillet transparent ou l’églantine éclose !
Plus jamais l’antimoine, en dilatant me