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a faim.
Mais toi, venu de loin, sais-tu que dans Byzance
Tout amour se mesure à la munificence,
Qu’un baiser y vaut plus qu’un héritage ailleurs,
Et que, de mes amants, les plus beaux, les meilleurs
N’ont plus en me quittant qu’un manteau sans fibule ?
Quels dons me charmeront ? quel trésor s’accumule
À ma porte ou reluit dans les paniers tressés ?


EUTHARIK.

Que sais-je ? Tout ! ma part de butin ! Est-ce assez
De l’or où des Césars s’usent les effigies,
Des vases dérobés aux secrètes orgies,
Des calices, des croix d’émail et des flambeaux
Dont les prêtres chrétiens éclairaient des tombeaux,
Des perles, des rubis, des toges précieuses,
Et des peaux des renards et des martres soyeuses
Qu’en des bois de bouleaux chassent les Suéthans ?


HELLA.

Digne de dénouer ma robe aux plis flottants,
Barbare, sois aimé. Viens ; mes savantes lèvres,
Excitant dans ton sein le feu des chaudes fièvres,
Te verseront l’oubli des maux. J’écraserai
L’herbe voluptueuse et le laurier sacré
Cueilli sur un tombeau, le soir, au clair de lune ;
Et tu boiras le philtre, et la crainte importune
Et les soucis rongeurs fuiront ton cœur