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l’heure
Où le pesant midi mesure un court sommeil.
Qu’il soit comte ou consul, Romain, Grec ou barbare,
De l’huis, gardé par vous, ne levez point la barre,
Esclaves ! Toi, nourrice, écarte l’étranger
Du seuil tranquille.


LA NOURRICE.

                                   Hélas ! l’imprudente parole
Sur ta lèvre d’enfant court comme un vent léger,
Ma fille ! Le guerrier que ton amour affole,
Semblable aux Dieux du Nord qu’engendre l’aquilon,
S’avance environné de leur splendeur farouche.
Que dis-je ? Certe issu d’une immortelle souche,
Il est fort comme Hercule et beau comme Apollon.


HELLA.

Qu’importe ? Erôs, à qui plaisent la paix et l’ombre,
Aux nocturnes baisers prête un parfum plus doux.


LA NOURRICE.

Un esclave le suit, porteur de dons sans nombre ;
Sur un plateau d’argent scintillent des bijoux ;
Dans une bourse ronde et de perles brodée,
L’or éveille un allègre et généreux concert ;
La pourpre tyrienne et le lin de Judée
Ruissellent à longs plis hors d’un coffre entr’ouvert.
Que sais-je encore ? Auprès d’une tunique