Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/207

Cette page n’a pas encore été corrigée

Tout pâlit, tout s’efface, hélas ! et tout finit ;
Le plus joyeux vaisseau se heurte au rocher sombre ;
Rien n’est vrai, rien n’est beau de ce qui doit périr.
On aime ; l’univers s’illumine ; on espère,
On oublie, et, debout au seuil du noir repaire,
La Mort camuse attend, ricane et vient ouvrir
Au fantôme chéri la porte sépulcrale.
Mais toi, fille du Christ, lève le front ; reçois
Le baptême des pleurs ainsi qu’une eau lustrale.
Pieusement soumise aux redoutables lois,
Du mépris de la terre emplis ton cœur sublime ;
Foule aux pieds ta douleur comme un haillon jeté
Et viens, ô Séréna, viens, sereine victime,
Puiser aux flots bénis d’un immortel Léthé
L’oubli consolateur et l’éternelle ivresse.

Viens ! Suis Jésus sanglant sous la croix qui l’oppresse.
L’Église est le bercail infranchissable et sûr
Où vit et meurt en paix le blanc troupeau des Vierges.
Il t’invite ; il t’accueille ; entre et vois dans l’azur,
Propice et rayonnante à la clarté des cierges,
La Panagia tendre en souriant les bras
Vers ta langueur, vers ta pâleur, vers ta jeunesse.
Viens ! Au pied de l’autel, qu’une diaconesse,
Parmi ses graves sœurs, pose sur ton front ras
L’inviolable lin des divines épouses,
Tandis qu’au bruit des chants, dans les hauteurs des cieux,
Les Veuves du Seigneur et les Vierges jalouses
Lentement fileront de fils mystérieux