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Dans la nuit bruissante et sinistre, les torches
Jettent d’obscurs éclairs sur les casques d’airain ;
Et les guerriers armés, immobiles aux porches,
Veillent, sondant la plaine et l’horizon marin.

— Adônis ! Adônis ! pour jamais tu reposes,
        Les yeux clos, les bras languissants,
Sur un lit nuptial de jasmins et de roses,
        Dans les nuages de l’encens. —

De la flotte barbare amarrée au rivage,
Du camp déjà dressé près des sables amers,
Bondit soudain le peuple innombrable et sauvage
Que l’ouragan d’Afrique a vomi sur les mers.

— Adônis ! Adônis ! O voyageur qui passes
        De l’Érèbe au monde changeant,
Ouvre tes yeux d’aurore et vois sur les terrasses
        Briller les corbeilles d’argent ! —

Le vautour est moins prompt à fondre sur sa proie
Que le Vandale ailé qui rôde autour des ports.
Comme un bûcher massif le môle ardent flamboie,
Et les fossés comblés boivent le sang des morts.

— Adônis ! Adônis ! quand germeront les plantes,
        La laitue et l’orge et le thym
Et le fenouil tardif et les herbes trop lentes
        A verdir, au dernier matin ? —