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Sait ce que font les Dieux des êtres qui sont nés,
Et ce que l’avenir prépare avec les choses ?
Quel voile est soulevé sur les métamorphoses
Et quelle voix dira jamais si toute fin
N’est pas l’avènement d’un univers divin ?

Tout naît, tout vit, tout meurt et tout renaît, les hommes
Et les Dieux. Infinis et multiples, nous sommes
Les membres du grand corps qui palpite et se meut.
Terre féconde, ciel éblouissant, d’où pleut
L’averse radieuse et nocturne des astres,
De combien d’Immortels comptez-vous les désastres,
Tandis que, sans faiblir, d’un cours précipité
Vous roulez puissamment en votre éternité ?
O temps ! matin du monde, explosion des Forces,
Sèves, torrents gonflés qui rompiez les écorces !
O siècles du passé qui refluez en moi ! —

Docile et frémissant d’un ineffable émoi,
Comme au zéphyr ailé frissonnent les ramures,
La divine Syrinx s’emplissait de murmures
Et chantait d’elle-même entre les doigts du Dieu.
Et Pan, comme charmé, serein, l’œil au ciel bleu,
La caressant d’un souffle épars, versant en elle,
Avec le nombre égal, l’Harmonie éternelle,
Disait :

              — Toi qui te plais à faire en tes roseaux
Naître la grande voix des forêts et