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Ta paix est douloureuse et ta parole ment ;
Et l’étoile d’amour qu’un soir je vis paraître
N’était que lueur fausse au morne firmament.

Pour Toi, pour ton pardon, pour ton salut, ô Maître !
J’ai tout quitté. Mon cœur comme un champ de blé mûr
Donnait sa gerbe entière à la moisson du prêtre.

Il disait : Viens, ma sœur ! Plus le chemin fut dur
Plus promptement luira la splendeur éternelle
Où ton trône est choisi dans le céleste azur.

Heureuse par la foi, purifiée en elle,
Viens ! Et, libre avec nous, ferme aux désirs malsains
Le sépulcre blanchi de ta beauté charnelle.

Comme la biche errante au creux des verts bassins.
Viens étancher ta soif à la source d’eau vive
Et prends place, ô brebis ! dans le troupeau des Saints.

Du banquet solitaire inattendu convive,
Lave ton âme abjecte au fleuve baptismal
Pour que Jésus y naisse et que l’Esprit y vive.

Dompte la chair ; chéris ton fardeau ; crains le mal :
Abjure les faux dieux qu’adora ton enfance ;
Expire avec l’Agneau sur le gibet fatal !