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En vain, comme irrités de subites chaleurs,
Ses bras désespérés serrent sur sa poitrine,
Ainsi qu’un bouclier, le Gibet des douleurs :

Telle qu’une aube rouge au front d’une ruine,
La vision s’accroît, monte, éclate, remplit
La hutte et d’un reflet infernal l’illumine.

La croix semble saigner sous Jésus qui pâlit,
Plus triste, plus sanglant, plus solitaire encore
Qu’au jour prophétisé, lorsque tout s’accomplit.

En vain. Nymphodora renie avant l’aurore
Ses vœux et ses remords, son Église et son Dieu,
Dont le ciel dédaigné va pour jamais se clore.

Elle a revu les jours divins, le coteau bleu
Où la chère maison s’ouvrait aux fraîches brises,
Et l’âtre inconsolé de son dernier adieu ;

Et le temple où nichaient les colombes éprises
Qui, palpitant de l’aile aux soleils printaniers,
Se posaient côte à côte et dormaient dans les frises.

Voici la pente douce où les verts citronniers,
Inclinant leurs rameaux sur l’onde lumineuse,
Tentaient de leurs fruits d’or la main des nautoniers ;