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Rapides, l'arc en main et ceintes d’une peau
De biche. Un soir d’été, j’ai vu les fauves tresses
D’une jeune Dryade errer sur son sein nu.
Même j’épie encor le Satyre cornu
Dont ma farouche enfance aimait la danse agile.
Je vous sens près de moi, chères Divinités,
Et me plais à compter, sous ma lampe d’argile,
Mes Daimones anciens par un pasteur sculptés.
Vous défendez ma terre et protégez ma vigne.
O gardiens ! mon bercail s’est accru par vos soins ;
Votre bras vigilant épouvante et désigne
Le larron qui se glisse entre les pieux disjoints.
Qui donne la santé ? Qui, sinon vous, dispense
La force au laboureur, la sagesse au vieillard ?
Qui sait mieux écarter de nos bourgs sans défense
Le Goth dévastateur et le soldat pillard ?


NARTHALOS.

Ami, comme le tien, mon toit fidèle abrite
Des images de pierre et des portraits dévots.
Si le ciel est à Dieu, la terre au moins hérite
De la vertu des Saints et de leurs longs travaux.
Le Saint, dans sa chapelle, à l’angle de la route,
Guide le voyageur perdu, l’accueille, écoute
Ses vœux et, quand le soir empourpre l’horizon,
Monte au ciel et les porte au pied du Trône unique.
Solitaire ou martyr, il entend l’oraison
Du faible qui succombe à l’assaut