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Jeunesse de la terre ! inoubliable éveil !
La pâle Hamadryade ouvre d’un bras vermeil
           La vivante prison des arbres ;
La source réfléchit l’azur silencieux ;
Le mont offre au ciseau pour en créer des Dieux
           La chair divine de ses marbres.

Par toi, mystérieuse en ta gloire, ô Beauté !
O Sublime ! par toi sous le ciel enchanté
           D’Hellas, à jamais maternelle,
Le peuple triomphal de nos Dieux préféra
A l’Olympe neigeux les temples que sacra
           Le sceau de la Forme éternelle.

Par toi, le monde antique a sur de vrais autels,
Dans leur sérénité, dressé les Immortels ;
           Par toi, survivant aux désastres,
Le grand Zeus, appuyé sur le sceptre d’airain,
Se lève et foule encor de son pas souverain
           L’empire étincelant des astres.

Par toi la Mort est belle et sourit aux tombeaux ;
Au sang noir, ruisselant sur les corps en lambeaux,
           Tu donnes la pourpre des roses ;
Aux sages, aux héros de la patrie en deuil
Tu promets le laurier, la mémoire et l’orgueil
           Des futures apothéoses.