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et le dernier acte du grand drame religieux n’est pas achevé. Aussi le lecteur découvrira peut-être plus facilement, sous des formes et des peintures antiques, des sentiments moins étrangers à nos âges.

En annonçant, il y a sept ans, la publication successive de trois volumes, le poète avait réclamé un long crédit de ceux qui voudraient bien s’intéresser à ces livres austères. Il demandait que l’œuvre ne fût appréciée que dans son ensemble. Terminée aujourd’hui, quelle soit jugée.

Mais en la relisant, l’auteur n’en aperçoit plus guère que les défauts. Quoiqu’il maintienne encore les théories émises dans la préface du premier volume sur l’union possible de la poésie et de la science, il n’est pas sans en reconnaître les difficultés et les périls. La poésie a-t-elle toujours suffisamment voilé le squelette de l’érudition ? Si la fantaisie devait être nécessairement bannie de si graves poèmes, la poésie na-t-elle pas quelquefois aussi partagé son exil ? Questions dont la réponse n’appartient pas au poète.

Il n’ambitionne pas le succès, car il n’ignore pas que la voie qu’il a choisie, si loin des chemins vulgaires, n’y saurait conduire. Il espère seulement que ces poèmes ne seront pas condamnés tout d’abord, selon l’ancien usage, comme impersonnels et impassibles ; impersonnels, si l’on y cherche l’âme particulière du poète, ils cessent de l’être si l’on y considère l’âme éternelle et diverse de l’humanité ; impassibles, le sont-ils toujours et les larmes des siècles n’y coulent-elles donc jamais ?

Le poète ose souhaiter que l’estime des lettrés ne manque