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ou tard réservé. Rome, Athènes, Alexandrie, généralement hospitalières aux Dieux étrangers, ne pouvaient cependant accueillir celui qui les avait maudites et se déclarait encore leur irréconciliable ennemi. Les légions qui rasèrent le temple et la ville du farouche Iahveh servirent peut-être la liberté future.

Les hommes purent alors faire un instant le rêve que le fanatisme avait disparu de la terre. Le jeune Christianisme, presque innommé encore, dans l’ombre, inconnu ou méprisé, semblait une aube spirituelle. Heures vraiment divines , pour la première fois, dans les bourgs de Galilée, au bord des lacs et sur les collines, des voix pieuses murmurèrent des paroles d’amour, de miséricorde et d’espérance ! Les Apôtres s’étaient partagé l’univers pour y semer le grain céleste, et Paul, en formulant la nouvelle doctrine, ouvrait également aux gentils le royaume idéal d’un avenir fraternel. Les communautés, pauvres et fragiles, se prêtaient un mutuel secours. D’Antioche à Rome une même pensée, un même enthousiasme unissaient les cœurs dans une même foi. De naïves légendes, de merveilleux récits suffisaient aux âmes simples. Elles recevaient les vagues enseignements que des inconnus leur apportaient et aspiraient délicieusement la brise qui venait de Judée. Mais aux temps apostoliques succédaient les temps héroïques. Déjà quelques faits particuliers avaient attiré sur la secte récente l’attention inquiète des autorités païennes : des chrétiens se refusaient à rendre aux Dieux et aux Empereurs les honneurs légaux ; les inoffensives réunions de fidèles se groupaient, s’enrichissaient, étendaient leur influence ;