Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/98

Cette page n’a pas encore été corrigée


Aux Dieux de la Victoire ou de la Mort voué,
Il va. L’épieu, durci dans un brasier rapide,
Par un lien de cuivre est à son poing noué.

Ses cheveux flamboyants que teint la chaux liquide,
Sous le casque alourdi par deux cornes d’aurochs,
Ruissellent en flots d’or sur son dos intrépide.

Et le héros armé, « ans peur, du haut des rocs,
Bondissait librement sur les races esclaves,
Avilissant le fer en en forgeant des socs.

Qu’il était "beau, l’époux, brave parmi les braves,
Lorsque, la hache au poing et pareil aux aïeux,
De ses chevaux guerriers il rompait les entraves ;

Et lorsque dominant les combats furieux,
Haut et droit comme un chêne au milieu des broussailles,
Il craignait seulement l’effondrement des cieux !

O soirs où, revenu saignant par dix entailles,
Le mâle, jamais las, dédaigneux du repos,
Dans une ivresse ardente oubliait les batailles/

Et repoussant du pied l’airain vide dès pots
Où ne fermentaient plus l’hydromel et la bière,
S’étendait haletant sur la couche de peaux !