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stes flancs.

Mais victime promise aux dieux du sacrifice
     Avec les taureaux, liés à l’autel,
Étoiles ! je tombai du front de Bérénice,
     Sous le fer rapide au tranchant cruel.
Maudit qui le premier fouillant la terre avare,
     Assouplit le fer, plus dur que l’airain,
Par qui le Mède ouvrit à sa flotte barbare
     A travers l’Athos un canal marin !
Et vous m’avez pleurée, ô boucles, mes compagnes,
     Quand, frère léger du lointain Memnon,
Zéphyre, m’entraînant dans les hautes campagnes,
     Attacha mes nœuds par un clair chaînon
Près d’Aphrodite, heureuse aux rives de Canope,
     Afin que le soir, lumineuse aussi,
J’étincelle dans l’air, flambe et me développe
     Avec Ariadne, au ciel obscurci.

Luisant, astre nouveau, dans l’éther magnifique,
Entre la Vierge errante et le Lion sanglant,
Je guide à l’Occident vers Téthys pacifique
Le Bouvier paresseux qui marche d’un pas lent ;
Qu’importe si, le jour, aux pieds des Dieux foulée,
Si reposant, la nuit, dans le sein de la mer,
Je nourris en mon cœur le souvenir amer
        De ma Maîtresse inconsolée,
Alors que, jeune et vierge, avant que nulle odeur
N’eût parfumé son front d’huile ou d’essence hellène,
Elle embaumait déjà de son unique haleine
        Le manteau d’or de sa pudeur ?