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Ses bras désespérés vers l'autel sombre et vide.
La suprême terreur glace sa chair livide ;
Il recule, il chancelle, il tombe, et son front lourd
Dans un flot de sang noir heurte le pavé sourd.

Les Prêtres, les Devins, les Hiérogrammates
S’élancent. Les flambeaux roulent ; les aromates
S’échappent lourdement des trépieds refroidis.
Et sur l’autel, nos yeux par l’horreur agrandis,
Nos yeux, dans l’abandon de la chambre déserte,
Reine ! n’ont point revu ta Chevelure offerte !

Quel mortel odieux, quel traître obscur, voué
Aux nocturnes forfaits, dans l’ombre a dénoué
Le solide lien fixant la gerbe blonde ?
Nul bruit, nul pas furtif, nul murmure de l'onde,
Nul frisson des rameaux dans les bois endormis,
N’a révélé le crime et le larcin commis.

J’ai dit. Un long discours ne sied point à la langue
Qu’embarrasse, ô Très-Saints, une triste harangue.
Puissent les Dieux d’Egypte et les Dieux paternels,
Bondissant du sommet des palais éternels,
De l’antique Érinnys hâter la diligence !
Car aux Dieux seuls, hélas ! appartient la vengeance. —

Tel l’aquilon subit d’un souffle violent
Courbe le chêne dur ou le pin vacillant,