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Du geste et de la voix à ses côtés appelle
La blonde Bérénice, Épouse, Reine et Sœur.

Fidèle comme Isis, grave sous l’épaisseur
De sa robe serrée, elle s’avance et pose
Sur le pavé fleuri son pied rapide et rose.
Elle monte ; l’amour, l’espoir, l’orgueil joyeux
Rayonnent dans l’azur humide de ses yeux.
Sur le pectoral d’or de sa gorge arrondie,
Le mystique épervier se déploie, irradie
Et la vêt de l’éclat subit et diapré
Du Soleil naviguant sur le Nil vénéré.

Mais nul cercle étoilé, nul diadème, ô Reine !
Ne ceignent de ton front la blancheur souveraine.
Tes cheveux dont le fer a tranché les bandeaux
D’un torrent parfumé n’inondent plus ton dos.
Les courts anneaux frisant sur ta tête orgueilleuse,
Témoins religieux de l’offrande pieuse,
Semblent un chaume blond dans les champs dépouillés.
Tes longs cheveux, ô Reine ! en gerbe d’or liés,
Suspendus par ton ordre à l’autel d’Aphrodite,
Illuminent la nuit de la chambre interdite.
Et voici que les Dieux reconnaissants et bons,
Au milieu des périls, des combats furibonds,
Et des assauts et des pestes et des alarmes,
Sur l’époux de ton cœur ont étendu leurs armes
Et rendent triomphant, à ton amour heureux,
L’Evergète adoré, sauf et guidé par eux.