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Qui, mesurant le pôle et la mer incertaine,
Trace aux navigateurs des chemins réguliers.
Tel encore, songeant aux jardins familiers
Où naguère, au milieu des disciples fidèles,
Arcésilas semait les sentences nouvelles,
Panarète apparaît, suivi par Manéthon.
L’antique Egyptien s’incline ; un long bâton
Soutient la marche aveugle et lourde du vieux prêtre
Qui, dénombrant les Rois et leurs races, pénètre
Les mystères sacrés des temples interdits.

Mais le sol a tremblé. Cent cavaliers hardis,
Alternant les clameurs joyeuses et là trompe,
Rapides messagers de la royale pompe,
Passent. Le soleil monte et du firmament clair
Sur les chars apparus glisse un immense éclair,
Tandis que le cortège interminable roule
Sa splendeur fabuleuse au travers de la foule.

Hommes, vivants témoins de l’Orient dompté,
Dépouilles des pays, bétail épouvanté
Des captifs, tout approche et croît. Vêtus de housses,
Les éléphants guerriers viennent, et les secousses
Sur leurs dos, monstrueux font osciller des tours.
Des chasseurs noirs, armés de traits et d’épieux courts,
Poussent les rangs confus des animaux sauvages,
Rhinocéros tendant le réseau des cordages,
Ours épais, bœufs de l’Inde aux cornes d’argent, cerfs,
Bubales bondissants, autruches des déserts,