Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/60

Cette page n’a pas encore été corrigée

Sur son front rajeuni font briller la couronne
Ou, d’une main pudique écartant ses haillons,
Couvrent son corps sacré de la robe divine
Dont l’éclat est plus vif et la gaze plus fine
Que les ailes d’azur et d’or des papillons.

Il va sans avirons sur le Lac qu’il traverse.
Le Temps fuit ; le jour naît et de l’arbre Ilya
Tombe, en le pénétrant, l’intarissable averse
Des mystiques parfums qu’Agni multiplia.
Le Rempart du Bonheur sur l’imprenable roche
Baisse son pont d’ivoire et s’ouvre à son approche.
Et lui, dans l’ombre rose où flotte une clarté,
Sous le parasol d’or et le frisson des palmes,
Voyant soudain le Dieu sans limite, aux yeux calmes,
Roule et s’anéantit dans la Divinité.

Brahma ! Brahmal Brahma ! Tel, de ta bouche sainte,
Kalanos devant tous révélant le secret,
A ton brasier vivant livre son âme éteinte.
Brahma ! tel un plongeur sur les flots reparaît,
Tel je sors de la vie et des choses changeantes.
O Dieux, Marouts puissants aux ailes indulgentes,
Emportez-moi ! Jaillis du noir bûcher, Agni !
Pareil à Varouna sur les coteaux célestes,
De ma chair en lambeaux viens dévorer les restes,
Soleil du sacrifice, Œil du ciel infini ! —