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Heureux l’homme qui meurt nourri de connaissance !
Dans le feu du bûcher il est le feu qui luit ;
Son corps est le grand Corps, son essence est l’Essence ;
Il est le Dieu semblable au Dieu qu’il a produit.
Heureux qui, retiré dans la forêt mystique,
A retenu le souffle en sa gorge ascétique,
Et, veillant ou dormant, offrant l’acte immortel,
L’oblation sans fin seule à jamais féconde,
N’ouvrit pour respirer sa poitrine profonde
Qu’au souffle assimilé de l’Être universel !

Être ! Atman ! ô Brahma, principe et fin des choses,
Ame éternelle au sein des songes satisfaits,
Matrice illimitée où s’engendrent les causes,
Tombeau de la nature et gouffre des effets,
Atman qui fais jaillir de nos cœurs périssables
La source de l’esprit comme une eau dans les sables,
Atman mystérieux, sans forme, qui surgis
Tel que l’air, l’ouragan, la foudre, l’éclair blême,
C’est toi qui, dégageant d’en bas l’Homme suprême,
Guides le Pourousha vers les cieux élargis !

Toi que j’ai médité sous le figuier des sages,
Atman, révèle-toi dans tous tes éléments !
Agni, les eaux, l’éther, le ciel et les nuages,
Les horizons pourprés et les astres cléments,
La terre, l’atmosphère et la splendeur et l’ombre