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D’or, de pourpre, d’airain sur le front des phalanges ;
Et de leurs rangs pressés couvrant deux parasanges,
Les bataillons royaux, alignés au soleil,
Autour du haut bûcher semblaient un mur vermeil.

Et l’aube étincelait sur l’argent des cuirasses ;
Et dans le ciel joyeux de grands oiseaux voraces
Rétrécissaient déjà les cercles de leur vol,
Tandis que lent, pieux, grave, ébranlant le sol
Du sourd piétinement de sa marche confuse,
Un cortège émergeait des portes d’or de Suse.

Comme au jour glorieux d’un triomphe royal,
Embouchant tour à tour le clairon martial,
Cent cavaliers, de ceux que l’Inde a vus naguère,
Précédaient l’escadron des éléphants de guerre,
Qui, les pieds ceints d’anneaux, traînaient sur les gazons
L’airain souple et bruyant de leurs caparaçons.
Puis, attelés de bœufs, roulaient des chars sans nombre
Qu’un amas de joyaux et de trésors encombre,
Des vases, des colliers, de riches vêtements
Brodés de bleus saphirs et de clairs diamants,
Et des coffres épais, lourds de dons volontaires,
Où métaux bruts, talents, dariques et statères
Résonnaient comme font aux antres souterrains
Les galets entraînés qu’usent les flots marins.

Sabots peints, crins dorés, retenu par la bride,
Un coursier de Nysa, fils du désert aride,