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L’embrassement fécond de la vierge surprise !
Qu’Aphrodite la garde et que Zeus donne encor
À vos postérités un éternel trésor !
Dormez, époux, dormez jusqu’à l’heure où l’épouse
Verra l’aube glisser sous la porte jalouse,
Où le premier chanteur, aux premiers feux du jour,
En dressant son beau col saluera votre amour !
Dormez, époux, dormez dans la nuit fortunée !
Dormez, dormez, époux ! Hymen ! ô Hyménée ! —

Les parfums s’éteignaient dans les trépieds d’argent,
Et les pâles flambeaux mouraient en allongeant
Sur les murs et les lits des ombres plus tremblantes.
La nuit brève hâtait le vol des heures lentes
Et les bras épuisés laissaient sans les offrir
Les couronnes de fleurs tomber et se flétrir.
L’orgie agonisante exhalait dans la salle
Un souffle intermittent ainsi qu’un dernier râle ;
Et sous le sombre éclair des glaives suspendus,
Parmi les mets jetés et les vins répandus,
Dans le rapide oubli des ardeurs passagères,
Les guerriers engendraient au flanc des étrangères
La race violente, aux fils sanglants et durs,
Des héritiers royaux et des rivaux futurs.